Tu auras déjà bien assez pris, de ma confiance, de ma joie, de mon énergie, de mon temps, mon estime et ma valeur. Ma lumière, je la garde, comme un phare dans la nuit, pour me retrouver et me redécouvrir. Elle me guide, me protège, me guérit. Comme une caresse sur ma peau meurtrie, pour me souvenir que je mérite le beau et le doux.
Dans ce fracas d’humiliations, de violences, et de terreur, la lumière m’a sauvé et de toutes mes forces alors je m’y suis accrochée. Dans un sourire, une main tendue, des mots réconfortants, des silences et des vides abyssales, la lumière a éclairé mon chemin.
Et depuis lors, je n’ai cessé de la nourrir, la faire grandir et la diffuser. Les sillons creusés par mes larmes, créant une fêlure, un passage pour que ma lumière jaillisse.
Deux ans de tourments plus tard, je suis prête à l’investir, à lui faire confiance, et à m’y fondre avec délectation. Réchauffée par mes rayons, je suis prête à Être. Moi, de ma lumière et de mon estime retrouvée, tel un phénix qui renaît de ses cendres, prête pour ma nouvelle existence.
Il a fallu en mener des combats silencieux, pour vaincre le poison de doutes et de mensonges, que tu avais tissé au fil du temps. Me réapproprier ma vérité pour transformer mes maux en guérison.
De lutte acharnée, en torrents de larmes versées, apercevoir à l’horizon la couleur de la libération. Se défaire de l’autre, de celui qui a brisé, mal-aimé, manqué de respecter, humilié et blessé jusqu’à l’âme. Sentir ma chair qui se défait de toi, et qui peu à peu, se laisse à rêver d’une autre peau contre la mienne.
Deux ans qui m’ont semblé une errance, et qui pourtant, ont ressemblé à une éclosion. De chenille, je suis devenue papillon, mes ailes déployées, j’ai pris mon envol. Loin de toi, de nous, de la Thelma d’alors, brisée en mille morceaux, celle que tu as laissé derrière toi, j’ai pu devenir celle que je suis aujourd’hui. Lumineuse et radieuse selon les dires de certains, ma lumière au fond de moi, comme rallumée. Cheveux de blé, qui volent au vent, allongée sur ma planche de surf, prête à voguer vers mille horizons.
Attaquer avec ces mots, ceux gardés longtemps au fond de moi, par peur, pudeur ou honte, j’ai décidé de ne plus me taire. De mes mots, peut-être, jailliront des idées, des prémices, des portes qui se déverrouillent. Une main tendue, comme toutes celles que j’ai reçu pendant deux ans, et bien avant. Une offrande ici, pour celles qui souffrent en silence, dans le noir de leurs nuits.
Car c’est la nuit qui a éclairé mon jour, c’est du noir que j’ai retrouvé la lumière. La lune qui a couvé mes insomnies, mes doutes et mes chagrins, jusqu’au jour où le soleil est venu éclairé un lendemain, plus doux et réconfortant. Ces deux astres, alliés à mes côtés, pour m’aider à me transformer.
J’aimerais vous dire que je n’ai plus peur, que je ne lutte plus contre les assauts de mon passé qui viennent encore parfois hantés mon présent. J’aimerais vous dire que des violences conjugales, jamais on en guérit vraiment. À vivre avec, comme des éclats d’obus collés au corps, j’apprends à ne plus me définir par elles. Victime j’ai été, jamais plus ne le serais. J’ai rencontré ma plus grande alliée sur ces terres basques, je ne l’a soupçonné pas, ne l’avait pas prédit celle-là.
Lumière, éblouissante et irradiante, distillant ses rayons sur mon chemin escarpé, elle m’a guidé jusqu’à moi. Puissiez-vous toujours vous souvenir de vos lumières, vous accrocher à elles et les laisser vous guider hors des chemins sinueux où vous vous êtes peut-être égarées.
Tu n’auras pas ma lumière, c’est certain, j’ai décidé d’en faire bon usage et d’éclairer le monde, il en a tant besoin.
Avec lumière et amour,
Thelma.